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Green

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches

Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.

Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches

Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent doit doux.

 

J'arrive tout couvert encore de rosée

Que le vent du matin vient glacer à mon front.

Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée

Rêve des chers instants qui la délasseront.

 

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête

Toute sonore encore de vos derniers baisers

Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,

Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

 

p a u I V e r l a i n e

 

« Maistresse, embrasse moy, baise moy. . . »

 

Maistresse, embrasse moy, baise moy, serre moy,

Haleine contre haleine, échauffe moy la vie,

Mille et mille baizers donne-moy, je te prie :

Amour veut tout sans nombre, amour n ' a point de loy.

 

Baise et rebaise moy; belle bouche, pourquoy

Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blesmie,

À baiser de Pluton ou la femme ou l'amie,

N'ayant plus ny couleur, ny rien semblable à toy?

 

En vivant presse moy de tes levres de roses

Begaye, en me baisant, à levres demy-closes,

Mille mots trançonnez, mourant entre mes bras.

 

Je mourray dans les tiens, puis, toy resuscitée,

Je resusciteray; allons ainsi là-bas,

Le jour, tant soit il court, vaut mieux que la nuitée.

 

Pierre de Ronsard

 

 

 

«  Baise

m 'encor. . »

 

Baise m ' encor’; rebaise moy et baise :

Donne m'en un de tes plus savoureus,

Donne m'en un de tes plus amoureus :

Je t'en rendray quatre plus chaus que braise.

 

Las, te pleins tu ? ça que ce mal j'apaise,

En t'en donnant dix autres doucereus.

Ainsi meslans nos baisers tant heureus

Jouissons nous l'un de l'autre à notre aise.

 

Lors double vie à chacun en suivra.

Chacun en soy et son ami vivra.

Permets m'Amour penser quelque folie :

 

Tousjours suis mal, vivant discrettement,

Et ne me puis donner contentement,

Si hors de moy ne fay quelque saillie.

 

Louise L a b é